Depuis la nuit des temps, et sur tous les continents, les humains ont utilisé les bourgeons et les jeunes pousses d'arbres à des fins médicinales.
La nature se réveille doucement de sa léthargie hivernale. Il va bientôt être temps de retrouver les premiers bourgeons sur les arbres, dépouillés de leurs feuilles depuis plusieurs mois. D’ici peu, dans le silence et la résilience, ils se préparent à se parer de leur couleur d’émeraude. La cueillette des bourgeons initie la promesse d’un nouveau cycle pour la nature. Chacune de ces cueillettes est comme une invitation à redécouvrir ses arbres parfois centenaires, qui reviennent à la vie après ce long temps de recueillement. Comme un écho, à nos chemin de vie parfois douloureux. On considère que les bourgeons détiennent une « Empreinte Informative » aux vertus curatives. Ils sont comme des milliers d’embryons qui contiennent toute la puissance et toutes les informations de l’arbre, à la fois feuilles, fleurs, fruits,… ce qui leur confère une empreinte complète de celui qui les porte. Dans chaque bourgeon est inscrit le potentiel de l’arbre dans son ensemble. Le secret de la gemmothérapie réside dans la jeunesse des bourgeons ou des jeunes pousses qui renferment toute la puissance et les propriétés de la future plante. Le bourgeon est en quelque sorte le « TOTUM » concentré de la plante, il contient tout le patrimoine génétique de la future plante. La prise de ces remèdes a pour but de venir ré-informer votre corps au niveau cellulaire, dans vos tissus profonds afin de le rééquilibrer, c’est une médecine de fond. La réalisation de ce macérât demande une grande patience et un grand sens de l’observation. Il faut savoir écouter et ressentir à quel moment les arbres vont enfin dévoiler leur nouvelle parure. La cueillette des bourgeons se fait à un moment précis de leur éclosion. Cette étape cruciale est visible sur l’arbre seulement pendant 3 à 4 jours. En réalité les bourgeons se forment déjà à l’automne qui précède leur ouverture, minuscule sur les branches mises à nue, il reste en léthargie durant tout l’hiver. Les arbres préparent déjà leur futur retour à la vie avant même de s’endormir, comme une promesse d’espoir. Au début des beaux jours, les branches bercées par la douceur des rayons de soleil de printemps, vont donner l’information à l’arbre, qu’il va enfin pouvoir s’épanouir à nouveau. La montée en sève active les tissus embryonnaires contenus dans les bourgeons. Les futures feuilles et fleurs vont reprendre leur développement à l’intérieur de leur couche protectrice appelée « la bourre », celle-ci leur permet de se préparer à l’abri des dernières gelées printanières. Leurs volumes augmentent considérablement jusqu’au moment où cette armure va se fendre pour laisser enfin apparaître toute la délicatesse de son trésor, ses feuilles vert tendre. C’est exactement à cet instant que se fait la cueillette pour réaliser la préparation, lorsque l’arbre déploie toute son énergie pour ouvrir ses milliers de bourgeons. Cette énergie déployée comme une expansion à la vie et un cadeau qui donne une puissance incomparable à ce remède. Il faut savoir que tous les arbres n’ouvrent pas leurs bourgeons en même temps selon leurs expositions et leurs zones géographiques ou même leur essence.
LA CUEILLETTE EST UN ART
« Ce sont donc des qualités intérieures qui transforment le geste en art. Douceur du geste, bienveillance envers les plantes et les lieux, sont autant de qualités qui élèvent une cueillette au rang d’art. » Stéphane Boistard.
La cueillette est un acte d’Amour, il s’agit d’estimer par l’intuition et la logique, quelle est la juste part qui peut être cueillie, sans pour autant mettre en difficulté l’arbre sur lequel nous sommes en train de la faire. On estime que la cueillette reste un don du peuple des arbres et non un pillage du monde végétal. Lorsque je réalise mes cueillettes je reste ancrée dans le présent et dans le lieux où je suis. Pour ma part je reste également très attentive à mon ressenti pour percevoir si l’arbre ou le lieux est en accord avec ma cueillette. Lorsque je prélève les bourgeons, je me déplace beaucoup pour ne pas trop cueillir sur un même individu ou sur un trop jeune arbre afin de préserver le site et les essences récoltées. Le respect du vivant est fondamental pour moi, j’estime que chaque vie compte autant que la mienne, infiniment petit soit l’être qui la porte, animal et végétal. La nature, généreuse et abondante, nous offre ses cueillettes, je crois donc que celle-ci doit se faire le cœur ouvert, en pleine conscience, avec respect, gratitude et humilité. Nous cueillons la vie.
« N’oublions pas que, malgré le respect immobile et parfois austère, les arbres sont sensibles. Il y a autant de remède de gémmothérapie qu’il y a de cueilleurs. La façon de cueillir influence votre remède. Il s’agit donc d’aller cueillir le cœur en paix. C’est la meilleure condition pour faire un macérât de qualité. Chaque cueillette est une histoire. Une ambiance. Une rencontre. Chaque cueillette est promesse de lumière et de guérison. Si vous cueillez, accueillez cela avec simplicité. » Stéphane Boistard.
- EN PRATIQUE -
La réalisation d’un macérât glycériné est une réalisation simple, pour un usage personnel et familial pas besoin de cueillir de grande quantité, un pot de 100 ou 200 gr est suffisant. Choisissez l’essence sur laquelle vous souhaitez prélever les bourgeons en fonction de ses vertus et votre capacité à la reconnaître lorsque son feuillage a disparu. Macérât concentré : Cette préparation contient: une base sucrante (miel, sirop d’agave ou glycérine végétale), un alcool 40°- 45° et vos bourgeons. Avant votre départ en forêt, mélangez dans une bouteille 1/3 de miel + 2/3 d’alcool à 40 - 45° (eau de vie ou cognac). En forêt pratiquer votre cueillette avec art, puis à la fin de celle-ci remplissez votre bocal à ras bord de votre mélange pour couvrir les bourgeons. La macération va durer un lunaison, soit 21 jours à température ambiante à l'abri de la lumière. A la fin de la macération la préparation va être filtrée dans un linge en coton, puis les bourgeons vont être remis à la terre - en geste de gratitude. Vous pouvez ensuite étiqueter votre macérât (plantes utilisées et date de fabrication). La gemmothérapie va être conservée en flacon brun ( de préférence compte-goutte ), étiqueté et à l'abri de la lumière. Une belle réalisation peut se conserver jusqu'à 4 ans. Si vous ne disposez pas d’un alcool à 40 45°, il est possible d’utiliser un alcool à 90 95° . En revanche, les proportions du mélange de base seront différentes : 1 /3 de miel, 1/3 d’alcool à 90-95° et 1/3 d’eau de source
- UTILISATION - La réalisation de votre gemmothérapie a donné naissance à un macérât glycériné de bourgeon concentré (sans dilution). La prise se fait en cure de 21 jours afin que votre corps intègre l’information aux niveaux cellulaires. Si l’on souhaite faire plusieurs cures une durée de sept jours minimum est conseillée entre chacune d’elle. Chez l’adulte : 5 à 15 gouttes par jour dans un petit peu d’eau hors des repas Chez l’enfant : 1 goutte pour 10 kg de poids par jour dans un petit peu d’eau hors des repas. Chez la femme enceinte 5 gouttes par jour maximum dans un petit peu d’eau hors des repas. Attention les bourgeons aux actions hormonales (ex : framboisier, pommier,..) sont déconseillés pendant la grossesse ou en cas de cancer hormono-dépendant. La gemmothérapie peut être administré aux animaux : Chien 1 à 2 gouttes par jour Cheval 25 à 30 gouttes par jour On prend toujours soin de ne pas utiliser des bourgeons de fruits à coque si l’on y est allergique. En raison de sa teneur en alcool, il est déconseillé de l’utiliser lors de l’allaitement ou par des personnes souffrants d’éthylisme.
Je vous souhaite à tous de cheminer, avec le peuple des arbres, le cœur léger en ce temps de renaissance. Expérimentez la vie. Enracinez-vous dans le présent.
Bien à vous Chloé.
Crédit photo: Labo n3 et l'Originel.
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